Nous avons tous, soit déjà entendu quelqu'un nous le dire, soit nous l'utilisons de façon occasionnelle voire, récurrente.
IL FAUT QUE...
IL :
Qui est ce « il » ? Je n'en ai aucune idée et vous ? Je crois que personne le sait vraiment alors, pourquoi a-t-"il" autant de pouvoir sur nous... Car « il » décide à la place de « je » , de moi !
FALLOIR :
C’est un verbe impersonnel, un mélange de faillir et de valoir (du latin fallere, manquer).
Il est du genre intolérant et l’air de rien, il nous contraint sans nous forcer.
Il insinue une attitude de fuite, une volonté d’esquiver, de se dérober.
« Il faut que je fasse du sport… » Sous-entendu : Mais je n’en ai aucune envie !
Pourquoi, pour qui dois-je faire du sport ?
- Parce que « la société » me juge trop gros ?
- A cause de mon conjoint qui me regarde avec des yeux désolés ?
- Parce que je me compare à ma sœur qui est plus sportive que moi ?
- Car mon docteur qui m’a dit que j’avais du diabète et que je devais perdre du poids ?
« Il faut que j’aille faire les courses. »
« Il faut que j’aille travailler. »
« Il faut que je fasse mon rapport. »
« Il faut que je remplisse les papiers. »
Lorsque nous utilisons souvent cette allocution, nous évacuons nos responsabilités. Pour nous, la vie est une contrainte de chaque instant et en utilisant « il faut que », nous prenons de la distance face à "l'obligation" de faire ce quelque chose.
Alors, comment faire pour assumer déjà verbalement nos responsabilités ?
Nous pouvons utiliser les verbes « devoir » ou « vouloir » et aussi, nous nous devons de redonner sa place au « je ».
Reprenons notre place dans l’action même si elle est « contrainte » !
« Je veux faire du sport pour améliorer ma santé. »
« Je dois faire les courses car je suis le seul de la famille à pourvoir le faire. »
« Je veux écrire mon rapport, car cela faire parti des mes tâches professionnelles. »
« Je dois remplir ces papiers si je veux ma subvention. »
IL FAUT QUE L'ON
ON :
Comme son collègue « il », « on » n’existe pas, ce n’est personne.
« Il faut que l’on se revoie. » Sous-entendu : Je n’en ai aucune envie, mais il faut qu’on se revoie.
Pourquoi ? Pour qui ?
- Au nom d’une amitié passée et perdue ?
- Parce que nous avons des liens familiaux ?
- Parce que cela se fait entre voisins ?
Le subjonctif présent implique l’indécision, le doute, l’éventualité.
Sinon, j’utiliserais : « Je veux te revoir bientôt. » ou alors : « Tu es disponible samedi prochain ? ».
Souvent, nous n’avons même pas conscience de cette non-envie, et de toute façon, cela ne serait pas politiquement correct de dire autre chose.
Il en est de même pour celui qui reçoit cette demande. Dans notre tête, nous nous disons peut-être : « Oh non ! Quelle idée, je n’en ai pas du tout envie, moi ! ». Et pour l'esquiver poliment, gentiment, diplomatiquement, nous commençons à sortir tout un tas d’empêchements, nous invoquons un agenda surchargé… Alors que finalement, il suffit de laisser faire et l’invitation s’évanouira d’elle-même car elle n’est pas vraiment souhaitée.
En conclusion
Si vous vous rendez compte que vous utilisez souvent ce fameux « Il faut que », prenez conscience que vous êtes à un moment de votre vie où vous vivez sous la contrainte : familiale, maritale, professionnelle, sociale….
A vous de trouver vos propres solutions pour vous en défaire ou tout du moins, alléger le fardeau que vous portez ; en changeant de vocabulaire, en ne faisant pas ce qui vous déplaît vraiment ou vous coûte trop d’énergie.
Oui, oui, je vous entends vous insurger : « Facile à dire ! », « Si c’était si facile, je l’aurais déjà fait ! », « Je ne peux quand même pas tout quitter : famille, ami, travail ! ».
Tout cela est vrai, mais ne méritez-vous pas d’essayer de trouver des solutions aussi "minimes" et "insignifiantes" soient-elles ?
N’avez-vous pas le droit à plus de légèreté et de douceur dans votre vie ?
Rentrer dans ce processus de réflexion est déjà un début d’action, de « prise de contrôle » sur votre vie…
J’ai pour habitude de dire à mon conjoint, (qui maintenant s’empresse de le dire avant moi), lorsqu’il commence sa phrase par : « Je dois » ou « je suis obligé », je lui réponds : « On est jamais obligé de rien dans la vie ! », sous-entendu, que nous devons juste assumer les conséquences que cela impliquerait de ne pas faire.
J. et C. Messinger, dans leur livre « Les mots qui polluent - les mots qui guérissent » le formulent plus élégamment : « La vie est certes faite de contraintes multiples, mais la liberté réside dans l’art de choisir ses contraintes. ».
Libérons-nous du verbe FALLOIR, prenons nos responsabilités, et allégeons nos contraintes.
Petits pas, après petits pas, toujours avec bienveillance et lucidité.
Prenez soin de vous !
Il faut que je prenne soin de moi ?
Je dois prendre soin de moi ?
Je vais prendre soin de moi ?
Je prends soin de moi ici et maintenant. ;-)
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